Un enfant de la Revanche
René Chambe a grandi dans l’idéal de la Revanche. La défaite française de 1870 face à l’Empire Germanique a fait perdre à la France l’Alsace et la Lorraine. Ainsi, toute sa jeunesse, à la maison comme à l’école, on lui montre cette carte de France amputée des deux départements qui sont représentés d’une autre couleur. Son imaginaire plein de récits de batailles et d’épopées napoléoniennes, le petit garçon se rêve déjà en chef de guerre. Il se voit même en officier de cavalerie car c’est l’arme qui revêt alors le plus de prestige. De fait, il sera de ceux qui laveront l’affront de la défaite de 1870. « La guerre, j’étais fait pour ça ! » écrit Chambe sachant ce que cette phrase a de terrifiant. Mais ne nous y trompons pas, il n’est pas un « guerrier » brutal et sanguinaire, avide de violentes batailles. Disons plutôt qu’il s’est préparé comme tant d’autres générations d’après 1870 pour ce combat de la Revanche. Il attend cette guerre-ci, celle de la reconquête. Il a 25 ans en 1914.
Le soldat
Durant la Première Guerre Mondiale dans laquelle le sous-lieutenant de cavalerie s’engage corps et âme, il est d’abord placé sur le front lorrain en août 1914 (Nancy, Lunéville) puis dans la bataille de la Marne et la Course à la Mer. Volontaire pour une affectation dans l’aviation dès décembre 1914, il vole dans la célèbre escadrille 12 comme passager observateur puis comme pilote. La MS12 est la toute première « escadrille de chasse » voulue par le commandant de Rose. Il observe de près la petite sœur, l’escadrille 3, dont Guynemer fait partie. Ce sont les deux escadrilles complices et rivales détenant les records de victoires. Chambe abat son premier avion en quatre coups de carabine (!) le 2 avril 1915 ; c’est la 5e victoire française homologuée de toute la guerre. Il est alors passager d’un avion piloté par Pelletier-Doisy. En août 1916, il est envoyé en Roumanie pour aider ce pays allié à coordonner la mise en place d’une aviation de chasse avant de faire partie intégrante de la Mission militaire française du général Berthelot. Rapatrié à la fin de l’été 1917 après une blessure, il participe enfin aux campagnes victorieuses de 1918. Il vit sur le terrain la libération de l’Alsace qui marque en lui des souvenirs ineffaçables de liesse populaire et d’émotion. C’est l’ultime récompense.
Bien que le grand devoir de reconquête soit accompli, René Chambe poursuit sa carrière d’officier au service de son pays. Assez vite, il est affecté dans divers états-majors puis au cabinet du ministre de l’Air, met sur pied le Service historique de l’Armée de l’Air. Il est également nommé à la toute nouvelle Ecole de l’Air comme Directeur des Etudes. Il commande avant la guerre la 35e Escadre de Bombardement de Lyon-Bron.
En 1939, alors âgé de 50 ans, le colonel Chambe est chargé du commandement des forces aériennes de la VIIe armée du général Giraud. Promu général en 1940 puis mis en retraite forcée par le régime de Vichy après l’armistice, il s’active immédiatement pour préparer la revanche et tourne son regard vers l’Afrique du Nord plutôt que vers Londres avec de Gaulle. Aussi participe-t-il à l’évasion du général Giraud en 1942 et l’aide-t-il à préparer sa venue à Alger pour créer et prendre la tête du « Commandement en chef français civil et militaire ». René Chambe est alors nommé Secrétaire à l’information et à la propagande en février 1943 puis devient le chef de cabinet de Giraud début mai, au lendemain de la victoire en Tunisie et peu avant la création du Comité Français de Libération Nationale. Au printemps 1944, libéré de sa charge, il accompagne le général Juin pour la campagne victorieuse d’Italie. Enfin, après avoir débarqué en Provence en août 1944, il est aux côtés du général de Lattre de Tassigny pour toute la campagne de France jusqu’à l’entrée en Allemagne.
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Engagement et Première Guerre Mondiale
Nota : Les textes de ces trois pages forment en réalité un seul et même texte issu d’une plaquette biographique « officielle » éditée par la famille de René Chambe. C’est cette biographie que l’on retrouve sur le site generalchambe.free.fr et sur Wikipédia. En réalité, la majeure partie du texte a été rédigée par René Chambe lui-même en 1950 sans doute pour les besoins du Service Historique de l’Armée de l’Air. Ce texte comprenant quelques erreurs de date, nous avons tâché de le corriger dans les différentes versions en ligne et nous l’avons complété en plusieurs endroits.
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La vie, l’œuvre et les archives du général d’aviation et écrivain René Chambe (1889 -1983).
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