Les affectations de précurseur : Etat-Major, ministère de l’Air et Ecole de l’Air
Le capitaine Chambe, officier de cavalerie, opte définitivement pour l’aviation, où il sert depuis quatre ans et où il finira sa carrière.
D’abord affecté à la démobilisation au service des réparations d’aviation de Saint-Cyr en mars 1919, il est affecté un an plus tard au 5e Régiment d’Aviation d’Observation qui deviendra le 35e Régiment d’Aviation, où il est officier d’État-Major détaché au 14e corps (région lyonnaise), chargé des questions d’aéronautique. Fin 1928, promu commandant, Chambe est affecté à un commandement de groupe à Lyon-Bron, toujours au 35e Régiment d’Aviation. Quelques mois plus tard, en avril 1929, il est désigné pour devenir le chef d’État-Major du Groupement d’Aviation de Bombardement (c’est-à-dire de l’ensemble des forces de bombardement de jour et de nuit de l’aviation française) aux ordres du général de Goÿs, à Paris. L’année suivante, il quitte Lyon avec sa famille pour emménager Place de Breteuil à Paris.
René Chambe, ici chef de bataillon (commandant) vers 1929, époque où il publie son roman « Sous le casque de cuir« . Il est commandant de groupe (2 escadrilles du 35e Régiment d’aviation de Lyon-Bron). L’aviation est une arme indépendante mais n’est pas encore structurée en tant qu’arme à part entière et ne possède pas d’uniforme. Chambe annote sa photo « On doit seulement s’habiller en sombre comme les artilleurs et porter le képi. Galons en V obligatoires. » Collection René Chambe.
Chambe pilote un Potez 25 dans le secteur de Verdun-sur-le-Doubs, en 1929. Collection René Chambe.
Le général Denain, nommé Chef d’Etat-Major général de l’Armée de l’Air, l’appelle auprès de lui début 1933. En 1934, Denain devient ministre de l’Air. Chambe est à son Cabinet militaire, où il exerce les fonctions de sous-chef de Cabinet, chargé des questions d’informations et d’expansion aériennes. En 1934, alors que l’Armée de l’Air est créée en tant que telle, le lieutenant-colonel Chambe crée sur les indications du général Denain le « Service des études historiques et géographiques de l’Air » (anciennement section aéronautique du service historique de l’armée).
Le lieutenant-colonel Chambe (à gauche) et le général Bouscat à l’Ecole de l’Air en 1936 aux Petites Ecuries de Versailles. Il est alors Directeur de Etudes de l’Ecole, d’août 1936 à l’automne 1937, avec les promotions « Guynemer » et « capitaine Astier de Villatte », les deux premières promotions de l’Ecole de l’Air et les deux seules versaillaises. Collection René Chambe.
D’août 1936 à fin 1937, il est Directeur des Etudes à l’École de l’Air, dont le commandant est, pour cette deuxième année de fonctionnement, le général Bouscat. La promotion qu’il accompagne est baptisée « Capitaine Astier de Villatte » (1936-1938) et compte parmi ses élèves celui qu’on appellera plus tard le « Guynemer de 39-45 » : Edmond Marin La Meslée. L’École a véritablement démarré à Versailles aux « Petites Ecuries » un an auparavant, en 1935, avec le général Houdemon et sa promotion « Guynemer » (1935-1937) qui lui donna sa devise « Faire face« , la devise même de Guynemer. L’École s’installe ensuite à Salon-de-Provence en 1937 avec la troisième promotion « Mézergues ». Découlant également de la création de l' »Armée de l’Air », cette École doit jouir d’une place équivalente à Saint-Cyr ou Navale.
Novembre 38 : traversée sans escale avec la 35e escadre de bombardement de Lyon-Bron
Au printemps de 1938, il prend à Lyon-Bron (base 105) le commandement de la 35e escadre aérienne (bombardement) équipée en Amiot-143. Cette escadre est mobilisée et reçoit ses missions de guerre au moment de la tension de Munich en août 1938.
Le colonel Chambe probablement le 7 novembre 1938 devant la vigie construite la même année sur la base aérienne 105 de Lyon-Bron. Il commande alors la 35e escadre qu’il connaît bien. Collection René Chambe.
Deux images de la fin de l’année 1938 lors de la traversée jusqu’en Afrique du Nord d’une vingtaine d’Amiot 143 de la 35e escadre de Lyon-Bron. Chambe est tout à droite sur la première photo. Deuxième photo : à Ksar Es-Souk (aujourd’hui Errachidia, Maroc). Collection René Chambe.
La trêve survenue, du 7 novembre 1938 au 11 janvier 1939, le colonel Chambe effectue avec toute son escadre, à titre d’entraînement de guerre, une des premières traversées aériennes en unité constituée de la Méditerranée, d’Istres à Tunis sans escale (21 Amiot-143, 115 hommes en l’air). Un appareil est arrêté à Istres pour des ennuis mécaniques, un autre le sera à Tunis. Les liaisons radio, spécialement étudiées, ont été éprouvées avec succès. Ce voyage poursuivi de Tunis (via l’Algérie : Oran, Sidi-bel-Abbes) jusqu’au Maroc pour des exercices de tirs à Ksar Es-Souk, avec retour en France par le même chemin a été probant. Une escadre entière peut ainsi être lancée, de jour ou de nuit, sur de longues distances. Le temps a été très difficile au retour.
Mais la tension monte de nouveau en Europe. Le colonel Chambe reçoit l’ordre secret en février 1939 l’affectant, en cas de guerre, au commandement des Forces Aériennes (aviation et artillerie de D.C.A.) de la 7e armée. C’est un commandement d’officier général. Au printemps 1939, il est à nouveau affecté au Service Historique pour quelques mois.
Promoteur de l’aviation
Il est difficile d’ignorer durant toute cette période des années trente son activité littéraire au sens large. Elle est en effet intimement liée à la carrière militaire de René Chambe et celui-ci mettra tout son talent au service de la cause qu’il défend : promouvoir l’aviation alors que l’Allemagne se prépare déjà, sans s’en cacher, à une revanche redoutée et presque certaine. Livres, articles, conférences, lectures radiophoniques et scénarios seront pour lui le moyen de susciter des vocations tout en se livrant avec sincérité et plaisir à l’écriture : citons ici son roman Altitudes… (Baudinière, 1932) qui se déroule au début des années trente et dont l’objet est de battre en brèche les idées pacifistes, aussi louables qu’imprudentes et naïves. Connu pour ses livres, on lui confie des rôles faits pour lui, comme ceux que l’on vient de voir : École de l’Air et Service Historique essentiellement. Mais sa plume n’a pas finir de « servir »…
Le lieutenant-colonel Chambe alors Directeur des études de l’École de l’Air, sans doute en 1937, lors d’une conférence sur Jean Mermoz donnée à Lyon salle Blanchon, au profit des « Œuvres de Mer » (en arrière-plan, le commandant de Loture, administrateur-délégué des Œuvre de Mer). « Nous pouvons bien le dire sans craindre l’exagération : hier, salle Blanchon, pour la conférence sur Mermoz organisée par les Œuvres de Mer, nous avons vu une de ces assistances comme il est bien rare qu’un conférencier en réunisse. […] Le conférencier parle debout, en uniforme de grande tenue. Et tout de suite, il conquiert la salle. C’est qu’il y a dans sa parole une chaleur singulière. » rapporte l’article qui accompagne cette photo. Journal non identifié, sans doute un organe de l’armée de l’Air. Collection René Chambe.
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La vie, l’œuvre et les archives du général d’aviation et écrivain René Chambe (1889 – 1983).
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