L’engagement militaire de René Chambe. Le devoir chevillé au corps.

La guerre, j’étais fait pour ça ! René Chambe était-il un va-t’en guerre, un fanatique isolé de son temps seulement mu par ses passions et ses pulsions ? La réponse est non. En quoi cet homme, engagé volontaire, était-il un homme « de son temps » ? C’est précisément son engagement militaire qui nous intéresse ici. Tentons de saisir sa pensée à travers ses mots et un florilège de textes.

Le regard vers l’Alsace et la Lorraine

« La guerre est déclarée. C’est le plus beau jour de ma vie ! » (Route sans horizon, p51) Cette phrase ne semble pas figurer dans son carnet original mais René Chambe l’a peut-être écrite dans une version réécrite de son journal de guerre. Dans son carnet, on peut cependant lire : « Quarante ans qu’on attend !!! » et plus loin après avoir eu connaissance de la nouvelle le 4 août seulement « La guerre est déclarée, eh bien tant mieux !« .

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Décorations et distinctions militaires et civiles de René Chambe

Faudrait-il parler de ses premiers prix en dessin obtenus à l’école ? Ou encore de son premier permis de chasse ? Adoptons une attitude plus solennelle pour passer en revue ses distinctions officielles qu’il regardait en vérité avec beaucoup de modestie. Il était sans doute plus sensible aux citations. Ne répondait-il pas, sourire aux lèvres, à ses petits-enfants qui l’interrogeaient à ce sujet : « Ce sont mes trophées en gymnastique ! » Voici un aperçu le plus complet possible, du Mérite culturel roumain à sa plaque de Grand Officier de la Légion d’Honneur en passant par ses prix littéraires. Lire la suite

Etre chef

Etre un bon officier, ce n’est pas uniquement être un bon combattant, c’est avant tout être un chef, un meneur d’hommes. Si le pivot central, la confiance, est bien ancré, alors le reste suit. Il n’est plus besoin d’être autoritaire pour faire autorité. C’est un long travail entrepris avec « ses hommes ». Et au moment décisif, un seul ordre bref et net suffit à déclencher le mouvement. Lire la suite

22 novembre 1918 : Entrée de l’armée française à Strasbourg

Le 22 novembre 1918, les troupes françaises du 1Oe corps d’armée du général Gouraud (IVe Armée) défilaient à Strasbourg pour célébrer dans les clameurs et la ferveur populaire le grand retour dans le giron français. Le capitaine René Chambe y était, au titre de commandant des forces aéronautiques de ce 10e corps. Très vite, il écrit ce récit gonflé d’émotion (extraits).

Ce texte est inédit.
Reproduction interdite.
Annoté par nos soins.

            Vendredi 22 Novembre 1918. 10 Heures du matin… instant inoubliable. Après quarante-huit ans, nos troupes rentrent à Strasbourg…

            La minute qui sonne est parmi les plus grandes de l’Histoire, parmi les plus éblouissantes de la gloire française. Lire la suite

Dolly, la fille du général Chambe sur le front d’Alsace de l’hiver 1945

De bonnes raisons imposent d’évoquer « Dolly ». Elle était la fille aînée de René Chambe, née le 20 octobre 1919 à Vaulry dans la maison familiale maternelle du Repaire. En 1939, à 19 ans, elle se maria avec Gérard de Vachon d’Agier, jeune officier de marine de 23 ans. Mais suivons-là durant l’hiver 1944-1945.

A ce moment-là, son père est attaché à l’état-major du général de Lattre de Tassigny à la tête de la 1re Armée Française. Les hommes doivent affronter des coups de froids terribles et il n’en faut pas plus à Dolly pour remuer la petite société de Vaulry et de la Haute-Vienne ! Lire la suite

Lettre du front – 13 mars 1916 – extrait

Voici un extrait exceptionnel où René Chambe relate un combat aérien livré la veille par une escadrille toute entière. La bataille date du 12 mars dans le ciel de Verdun. En effet, à l’injonction de Pétain adressée au commandant de Rose « Je ne vois rien ! Rose, nettoyez-moi le ciel ! », ce dernier recrute dans les meilleures escadrilles une équipe de choc pour rééquilibrer le ciel de Verdun durant tout le mois de mars 1916. Mais ce qui est surtout intéressant, c’est ce que notre jeune aviateur constate sur la forme nouvelle prise par les combats aériens.

Lettre de René Chambe à son frère Joseph du 13 mars 1916.

[…]
Hier, nous avons livré une véritable bataille rangée à 2800m contre 18 avions boches. Lire la suite

Lettre du front – 12 mars 1915

Sacré soldat, non seulement par le tempérament de battant au sens large, mais par la volonté ferme de s’expliquer et de convaincre son frère, prenant le temps d’écrire une lettre et des idées clairement et fermement exprimées.

Lettre de René Chambe à son frère Joseph du vendredi 12 mars 1915

            « Vendredi 12 mars 1915

            Mon cher Jo la lettre que tu viens de m’écrire m’a un peu étonné ainsi que tu t’y attendais. Lire la suite

Lettre du front – 8 octobre 1914

A l’issue de la bataille de la Marne, René Chambe se jette avec tous les autres dans la « Course à la Mer ». Ce jeudi 8 octobre, il écrit très longuement à son frère et évoque une reconnaissance effectuée la veille qui faillit lui coûter la vie, à Ervillers au bois d’Adinfer près du village de Ransart (secteur d’Arras). Dans son livre Adieu cavalerie ! La Marne, bataille gagnée, victoire perdue (Plon, 1979, en note page 23), il ne raconte que très brièvement cet épisode et s’étend un peu plus sur le sort de son ami le sous-lieutenant Verny (20 ans). Le général Grellet, commandant la 10e Division de Cavalerie avait tenu à renvoyer une reconnaissance au même endroit le lendemain malgré les réserves du colonel et de Chambe lui-même. Ce qui risquait d’arriver arriva à Verny. Lire la suite

1914-1918 La guerre de René Chambe

Un cavalier en 14

Août 14 : Campagne de Lorraine

« La guerre est déclarée. C’est le plus beau jour de ma vie ! », cette phrase illustre bien le premier journal de guerre du jeune sous-lieutenant Chambe. Il a 25 ans et forme un couple harmonieux avec sa jument Ma-Zaza ! Il est chef de peloton (une vingtaine d’hommes) du 3e escadron (commandé par le capitaine de Langlois) du 20e Régiment de Dragons de Limoges (commandé par le colonel Gailhard-Bournazel). Avec le 15e Dragons, ils forment la fameuse Brigade des Quinze-Vingt Lire la suite