Naissance et vie du Parc National de la Vanoise

Connait-on les difficultés du premier parc national français dont la création en 1963 a confronté les habitants qui y vivaient depuis des générations avec les autorités de l’état ? En tous cas, cette « exclusion » est toujours vécue comme telle. En 2015, cinquante-deux ans après, une charte devait donner l’occasion à l’institution de trouver sa légitimité auprès des habitants des communes de la zone d’adhésion qui flanque le « cœur de parc » sanctuarisé. C’est un échec au sommet. Sur les 29 communes consultées, 2 seulement adhèrent à la charte. Le parc, les deux zones confondues, ne fait plus qu’un tiers de sa surface d’origine ! C’est une passionnante série documentaire, Vanoise, un parc national pour qui ? qui nous est proposé d’entendre sur France Culture.

Vanoise, un parc national pour qui ?

Une série de Myriam Prévost réalisée par Annabelle Brouard en quatre épisodes
LSD La Série Documentaire, France Culture, 2019


René Chambe - Champagny le Haut - Vanoise - leshautsdechampagny

Champagny-le-Haut, dans la vallée de Champagny-en-Vanoise où René Chambe se rendait chaque année jusqu’en 1979 pour chasser le coq de bruyère. Une rue y porte son nom. Plus du tiers de la commune se situe en cœur de parc tandis que le reste du territoire est sorti en 2015 de « l’aire d’adhésion ». Photo : http://www.leshautsdechampagny.com


1/4 Quand un territoire devient parc national
2/4 Tarentaise : à la poursuite de l’or blanc
3/4 Haute Maurienne : un parc contesté par ses habitants
4/4 Bestiaire d’une zone protégée

> Cliquez sur chacune des vignettes ci-dessous pour écouter.

Vanoise 1-4 France CultureVanoise 2-4 France CultureVanoise 3-4 France CultureVanoise 4-4 France Culture


Parc national Vanoise avant charte 2015Parc national Vanoise après charte 2015

Le Parc National de la Vanoise avant et après le vote de la charte en 2015. Seules les communes de Pesey-Nancroix et de Saint-Martin de Belleville décident de prolonger leur destin commun avec le parc pour les territoires hors « cœur de parc » (vert clair). Cartes : Parc National de la Vanoise.


René Chambe, nous aurons l’occasion d’en parler, était un passionné de chasse et un grand amoureux de la nature. Il y a là bien sûr une contradiction que ne contestait pas l’écrivain. Il exerça sa passion dans la vallée de Champagny, en Savoie, où il se rendit dès le début des années 1920 et où il louait un vaste territoire de chasse. Chaque année, il s’y rendait environ trois semaines. Horrifié par le développement des stations de ski – bien qu’elles devenaient une source d’emplois -, stupéfait par la spoliation des terres de pâturages – bien qu’elles faisaient l’objet d’aménagements pour les éleveurs -, nous savons que René Chambe s’est mobilisé pour la préservation du territoire de chasse, et sans doute s’est-il aussi mobilisé contre « l’affaire de la Vanoise » à la fin des années 60 (une affaire qui laissait entrevoir le développement des stations de ski dans le « cœur de parc »). N’en déplaise aux écologistes de tous poils et de toutes plumes, dont la cause est aujourd’hui largement justifiée, sauf quand elle est (souvent) idéologique, le livre de René Chambe Propos d’un vieux chasseur de coqs (Plon, 1977) reste un très beau livre de littérature sur la chasse et la nature, dont l’essentiel se déroule dans la vallée de Champagny où une rue porte son nom (Champagny-le-Haut).

Mais le paysage est-il tout a fait celui qu’il a encore vu 1981 lors de son dernier séjour ? Pour les esprits chagrins qui osent encore douter du réchauffement climatique, le 2e volet du documentaire nous dit ceci : le glacier a perdu 40 mètres d’épaisseur en 35 ans (!) ; les mélèzes s’arrêtaient environ à 1 900 m d’altitude, ils poussent aujourd’hui jusqu’à 2 400 m (hors arrêt des pratiques anciennes de déforestation pour les pâturages) ; des canards, arrivés de manière saisonnière il y a une dizaine d’années, vivent désormais à l’année sur le lac de Tignes. A cela, on ajoute immeubles, chalets et autres remontées mécaniques. Non, le paysage n’est pas tout à fait le même bien que la vallée de Champagny soit encore préservée. Pour les éleveurs, c’est un autre problème majeur qui se pose et qui a percuté l’équilibre en place : le loup. Le sujet est brûlant, passionné, où l’on voit se confronter révoltés et poètes.

A Tignes, c’est la fuite en avant. En 2016, la population s’émeut du projet ubuesque (nous assumons le caractère parfaitement subjectif et pro-écologique de notre approche sur ce point) de la piste indoor praticable toute l’année pour contrecarrer la fonte du glacier : le Ski-Dôme (ou Ski-Line ou encore Tignes Arena). Yves Paccalet, écologiste, s’est fendu d’une tribune que nous proposons en lien : Canons à neige et folie douce : quand la montagne devient un triste parc d’attraction.

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La vie, l’œuvre et les archives du général d’aviation et écrivain René Chambe (1889 – 1983).

https://generalrenechambe.com

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