L’aviation militaire française des années trente jusqu’à mai 1940 : René Chambe prédisait des heures sombres.

La littérature spécialisée abonde de détails et de points de vue sur l’aviation militaire française en 1939, de ce qu’elle témoigne des politiques d’armement des années trente, et de ce qu’elle devint en mai et juin 1940. Notre rôle ici se borne comme de coutume à exhumer les écrits de René Chambe sur la question, à travers de nombreux extraits de livres et d’articles, ainsi que de documents privés ténus mais fort intéressants par leur caractère de vérité crue.

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Hélène Boucher, pilote de France (1937)

Voici le parcours fulgurant d’un pilote qui a d’autant plus impressionné que ce pilote était… une femme ! Et cette femme, Hélène Boucher, incarne alors parfaitement dans la période de l’entre-deux-guerres la figure héroïque de l’aviateur et rejoint la constellation des aviatrices françaises de légende : Maryse Bastié, Adrienne Bolland et Maryse Hilsz. L’auteur, René Chambe, a connu l’aviatrice dans les temps de sa gloire et si le lecteur veut savoir l’essence de cette personnalité hors norme, alors, Hélène Boucher, pilote de France est sans aucun doute le lieu de sa célébration. Après avoir interrogé son entourage, sa mère et ses amis et compagnons, que Chambe connaît lui-même de près ou de loin, l’auteur parvient à dresser au-delà du portrait vivant, un parcours ô combien déterminé, tragique, tendu autant vers la gloire que vers la mort.

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Impressions d’acrobatie aérienne par Hélène Boucher (1933)

Tous les ans entre 1909 et 1951, le Grand Palais à Paris accueillait le Salon de l’aviation. En 1933, cette manifestation s’est accompagnée d’un cycle de conférences et de « souvenirs et récits contés » au Petit Palais juste en face de la « volière ». René Chambe, bientôt biographe en 1937 d’Helène Boucher, donnait cette année une conférence intitulée « Les casques de cuir » (12 décembre, avec le même soir René Fonck et Michel Détroyat). Chaque soirée avait son fascicule vendu 2 fr. au profit des œuvres sociales du Ministère de l’Air. Voici le texte de l’intervention d’Hélène Boucher :

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Message d’Hélène Boucher, par René Chambe (1979)

Quelques souvenirs sur Hélène Boucher

Texte prononcé le 30 novembre 1979 lors de l’inauguration d’une exposition sur l’aviatrice au collège et lycée Hélène Boucher de Paris (cours de Vincennes, 20e). René Chambe, biographe d’Hélène Boucher (« Hélène Boucher, pilote de France », Baudinière, 1937), et étant empêché, c’est l’Inspecteur général de l’Instruction publique, Jean Pénard, qui lut le texte.

René Chambe évoque deux choses : la question de l’Idéal – centrale ici – et la relation entre Hélène Boucher et Jean Huber sur la foi du témoignage de Dolly van Dongen. Cependant, les membres des Amis d’Yermenonville n’ont jamais eu confirmation de cette relation par la famille de Léno, ni par son frère notamment. Ce point mérite d’être précisé afin de garder la distance et la prudence nécessaires sur cette question.

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La terreur des bombardements aériens de la seconde guerre mondiale. René Chambe prévient.

Si Londres a subi dès 1940 les bombardements du Blitz de nos ennemis d’alors, l’ironie de l’Histoire a voulu que la France subisse aussi ceux de nos alliés américains principalement en 1944. Or René Chambe achève en 1939 son Histoire de l’aviation pour l’éditeur Flammarion, livre qu’il choisit de conclure par ce chapitre au titre évocateur : « Civilisation ». L’aviation représente en effet le défi le plus stimulant de l’histoire de l’humanité, mais aussi le visage le plus terrifiant. « L’invention vaut ce que vaut l’homme » nous rappelle-t-il. Voici comment la France se prépare aux risques des bombardements aériens à la veille du conflit.

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Vers la Victoire et la Libération 2/2

Djerba 1944, la chienne du débarquement

Deuxième pièce à conviction de notre thème sur la Libération de la France : Djerba. Il ne s’agit pas de l’ile tunisienne, non, mais plutôt d’une chienne au destin extraordinaire ! C’est l’histoire d’une chienne qui a fait la campagne d’Italie que nous raconte ici René Chambe. Et la campagne ne lui suffisant pas, elle participa au débarquement de Provence le 16 août 1944. Dans ses « Propos d’un vieux chasseur de coqs », il lui consacre un émouvant passage.

« […] il n’est pas possible de ne pas dire auparavant au moins quelques mots de la chienne Djerba, que j’ai ramenée de la campagne d’Italie de 1944 :

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René Chambe Libération Limousin victoire 1945 Le Repaire Suzanne

Vers la Victoire et la Libération 1/2

Deux lettres exceptionnelles de René Chambe

Premières pièces à conviction déjà citées dans notre page sur l’engagement militaire de René Chambe, voici deux lettres écrites à ses proches, l’une à son gendre, l’autre à son épouse Suzanne. Elles forment un diptyque en forme de plaidoyer s’il en était besoin ! Ces lettres justifient ses actes, son engagement, sa vie. A méditer alors que la France s’apprête à célébrer les 80 ans des débarquements de Normandie et de Provence et de la Libération du pays.

Cette première lettre datée du 7 janvier 1943 est écrite dans le train qui le mène de Toulouse à Perpignan alors qu’une évasion se précise par un réseau actif à Palau-del-Vidre et Sorède (actuelles Pyrénées Orientales, là où Joseph Kessel a dû passer une poignée de jours auparavant, les 23 et 24 décembre, avec Germaine Sablon et Maurice Druon). Malheureusement, la tentative avorte. Chambe, arrivé sur place ne la jugeant pas fiable, préfère se retirer et revenir à Toulouse. Il s’engagera enfin quinze jours plus tard dans les Pyrénées par la voie d’Oloron et Licq. Chambe écrit cette lettre à Guy Jarrosson en sachant qu’elle sera lue et partagée, elle revêt un caractère solennel :

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René Chambe - chasse Champagny Vanoise Brocard 1934 Cigognes Guynemer

1983 : l’envol de René Chambe, amoureux de la montagne et des hauteurs

Le 24 novembre 1983 disparaissait à Baudinard-sur-Verdon l’écrivain aviateur René Chambe alors âgé de 94 ans. Ce pionnier de l’aviation fut séduit dès l’enfance par le « démon de la chasse » dans les environs du château de Monbaly. A partir de 1920, il arpenta les hauteurs de Champagny-en-Vanoise grâce aux recommandations de son officier d’ordonnance. Il y a 40 ans, le journaliste Pierre Muzet se faisait le porte-parole d’un inattendu coq de bruyère après l’annonce publique du décès de René Chambe. Quand chasse et écologie se rejoignent…

L’appel des hauts

Je sais me faire désirer et suis de plus en plus désiré, vous êtes en France encore nombreux à me chercher dans les Alpes de Savoie, le Jura, les Pyrénées et les Ardennes à venir ramper par-dessus les nuages entre 1 600 et 2 500 mètres. Parfois la peur au ventre sur le fil tranchant d’une arête. Je vous sais vrais chasseurs et la caroncule rouge qui orne le dessus de ma tête reste avec la lyre dont je suis affublé l’attrait de tous vos instants. Là-haut, vous cherchez sans cesse à me coucher avec votre bâton tonnant pour mieux me posséder, vous n’hésitez pas, même dans le froid et la bise, à passer la nuit dehors sous un pendant de roche pour mieux me traquer au petit matin.

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Saint Exupéry et René Chambe : annexe / Lettre de René Chambe à Pierre Charpentier

En 1979 en s’adressant à Pierre Charpentier (alors président de l’Association des Amis d’Antoine de Saint Exupéry), René Chambe revient sur les circonstances de la présence de l’écrivain aviateur à Alger en décembre 1940. Chambe semble répondre à une question précise sur la relation entre Saint Ex et le général Noguès où celui-ci aurait confié une mission au premier, ce qu’il réfute.

Lettre publiée dans la revue Icare n°108, « Saint Exupéry. Toujours vivant » Volume VII. 1984

Version en ligne annotée par Emmanuel de Vachon.

Le Repaire,

le lundi 30 avril 1979

Mon cher Président,

C’est curieux comme tout se déforme, se transforme …

Voilà la réalité des faits[1] : Au mois de décembre 1940 (et non en juin) étant atteint par les nouvelles limites d’âge de l’armistice, et fixé en zone libre j’avais accepté de me rendre en A.F.N. faire un reportage pour le compte d’une revue qui venait de se créer à Lyon « Sept Jours » créé par Prouvost[2].

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L’escadron de Gironde (1935)

Un escadron français de cavalerie face à une escadrille allemande. Le sabre et la lance contre des appareils motorisés de bois et de toile. C’est l’histoire d’un assaut désespéré pour l’honneur, en pleine nuit, entre le 9 et le 10 septembre 1914. Ceci est une histoire vraie, une histoire véritable. René Chambe a compris la force de ce fait d’arme pour en tirer un récit flamboyant. Mais il nous répondrait : ce n’est pas le récit qui est flamboyant, ce sont eux, les cavaliers avec, à leur tête, le lieutenant Gaston de Gironde, magnifique chef, jeune, ardent. Ces pages, ce n’est pas moi qui les ai écrites, ce sont ces héroïques soldats. L’escadron de Gironde demeure, avec son Histoire de l’aviation, son plus grand succès littéraire. C’est, comme il aimait à le présenter, « le petit livre d’un grand fait d’arme ».

Le 9 septembre 1914, en pleine bataille de la Marne, la 5e Division de Cavalerie (DC) du général Cornulier-Lucinière est engagée entre les armées von Kluck et von Bülow qui sont elles-mêmes face aux armées Maunoury et Franchet d’Espèrey. La 5e DC comprend notamment le 16e régiment de Dragons. Celui-ci est porté ce jour à s’engager loin à l’intérieur des lignes allemandes avec pour objectif Soissons en passant par la forêt de Villers-Cotterêt, soit environ une soixantaine de kilomètres derrière le front allemand ! Soissons est un verrou qui servirait à la retraite allemande des deux armées citées. L’escadron du lieutenant Gaston de Gironde est de cette mission, soit une centaine de cavaliers.

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